…avec les textes de Paul Chemetov, Mathias Énard, Caroline Mazel, Daniel H. Tajan.
20 dessins, 15 architectes, 125 marches. Vingt dessins-perspectives montés à l’échelle à partir des plans, vingt climats d’architecture dans un réalisme de bande dessinée pour déchiffrer le langage de l’architecture moderne à travers l’œuvre de quinze architectes.
Une promenade subjective invite nos yeux à apprécier la convivialité de chacun de ces espaces mais aussi à éveiller un appétit de connaissance objective. Une technique rudimentaire, quelques crayons de couleur, révèle des points de vue sensibles autant que calculés, pas nécessairement accessibles à la photo ou au dessin informatique. Une courte légende bien tournée, anecdote amusante ou commentaire érudit, prolonge la mise en perspective de chacun des dessins. L’auteur nous embarque dans son mémoire d’architecte. Car Mémoire d’escalier est un véritable traité d’emmarchement. « Séparer deux surfaces par trois marches dans un même volume, c’est nier le cloisonnement en gardant distinctes les fonctions, donc multiplier les relations et les possibles ». Un manifeste pour la « rencontre, impure et donc féconde, du plan avec l’élévation » nous dit Énard par le croisement borgesien de l’escalier avec la bibliothèque. Un bréviaire d’architecture. La découverte du vestibule de la bibliothèque Laurentienne de Michel-Ange fut la « source inconsciente des Seagram Murals », peut-être parce que, nous dit Tajan, « chez Rothko comme dans le vestibule, les choses se déplient-elles pour se résoudre, se ferment et s’ouvrent en même temps dans un mouvement seulement spirituel ».
Assurément cent vingt-cinq marches indispensables à toute bibliothèque.
Daniel H. Tajan est architecte. Il a notamment exercé la maîtrise d’œuvre auprès d’Yves Lion et enseigné à l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux.