Figure tutélaire de l’architecture du XXème siècle, l’architecte vénitien Carlo Scarpa fait partie de la petite famille de ceux que l’on nomme les « grands maîtres ». Influencé par Frank Lloyd Wright, il inspire toujours architectes et designers pour son attachement au dessin (« dessiner, c’est comprendre »), au geste artisanal et aux traditions locales. Alors que beaucoup de villes sont confrontées à la rénovation urbaine, sa capacité à composer avec l’histoire, à faire dialoguer de manière sensible ses créations avec les strates du passé est exemplaire. Dans les années 50, en inventant une relation inédite avec le déjà-là, notamment sur des sites patrimonialement sensibles, il a su se distancier de l’esthétique fonctionnaliste et de la technologie machiniste du Mouvement moderne. Sans pour autant renier cette modernité mais en l’ouvrant à de nouvelles perspectives, il a montré que l’architecture peut être « le plus grand des poèmes ».
© J.P. Dalbéra / archi : C. Scarpa