« Bibliothèque(s) », revue de l’Association des Bibliothécaires de France, n°87, décembre 2016.
Article de Caroline Mazel et François Rosfleter
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« Bibliothèque(s) », revue de l’Association des Bibliothécaires de France, n°87, décembre 2016.
Article de Caroline Mazel et François Rosfleter
Né en Algérie en 1927, Roland Simounet a beaucoup construit dans ce pays qu’il affectionnait. Affilié au Mouvement moderne, il s’est consacré à l’habitat du plus grand nombre pour résorber les bidonvilles dans lesquels il a enquêté en ethnologue. Proche de Le Corbusier et de Jean Prouvé, il a su se détacher du Style international pour définir une architecture soucieuse du lieu et des hommes, moderne et vernaculaire à la fois. Dans les années 1980, trois grands chefs d’œuvre en matière d’architecture muséale lui valent une reconnaissance internationale : le musée de la Préhistoire d’Ile-de-France, à Nemours, le Musée d’art moderne du Nord à Villeneuve d’Ascq et le musée Picasso à Paris. Il y met en œuvre l’essentiel pour servir les œuvres exposées et non pour faire un musée de sa propre architecture. Grande figure, pourtant méconnu du grand public, nous rendrons hommage à ce lauréat du Grand Prix National de l’architecture en 1997.
© LaM, Lille Métropole, Musée d’art moderne, archi : Roland Simounet, photo : Nicolas DEWITTE
Depuis les années 1970, la reconversion des lieux de l’industrie désaffectés est devenue un phénomène courant, de surcroît au cœur des préoccupations actuelles en matière de développement durable. Après l’oubli, s’ils ne sont pas détruits et remplacés par des programmes neufs, ces vestiges des XIXème et XXème siècles connaissent une nouvelle vie. Sans être muséifiés mais tout en respectant la mémoire dont ils sont porteurs, ils sont animés de nouveaux usages. Manufactures, chantiers navals, usines, minoteries, à l’architecture remarquable ou ordinaire, ils sont transformés en lieux de culture, logements, bureaux, équipements sportifs. Nous aborderons l’histoire de ces mutations et les problématiques qu’elles soulèvent notamment d’ordre technique, économique et patrimoniale.
© Hendrik Ploeger
Le musée comme levier de développement d’un territoire est une idée récente des années 80 notamment incarnée par le musée Guggenheim de Bilbao. Depuis 40 ans, de nombreux sites ont été réhabilités, d’autres ouverts, leur fréquentation a augmenté, des services des publics ont été créés. Dans l’esprit des Lumières et des premiers musées, la grandeur, l’utilité pédagogique et l’incarnation identitaire étaient les trois valeurs que devaient porter ces équipements culturels. Leur architecture devant en être le reflet direct. Mais qu’en est-il aujourd’hui de cet idéal républicain ? Du musée temple au musée forum, nous ferons apparaître au cours du temps les grandes typologies d’architecture muséale au travers de leur rapport à la ville, aux œuvres exposées, aux visiteurs, à la lumière ou encore aux parcours.
© Iwan Baan / archi Sanaa
Les artistes comptent parmi les acteurs qui, avec les architectes, urbanistes, paysagistes, élus ou encore habitants peuvent participer à fabriquer la ville et au-delà, le territoire. Au contact de l’espace public, l’art a évolué et de nouvelles formes d’expression artistique sont apparues comme le street art, l’art in situ, l’art contextuel, le land art … incarnées par différentes figures d’artistes et par des réalisations de natures et d’échelles différentes que nous aborderons. Cette conférence montrera également que si l’art frappe et heurte souvent les esprits, si des détracteurs s’opposent virulemment à des installations, les habitants savent aussi s’en emparer au travers de pratiques collectives et citoyennes qui génèrent de nouveaux usages. L’art peut alors améliorer la ville et la vie ce qui soulève la question de la responsabilité des pouvoirs publics en matière de politique culturelle.
© Uwe Kempa / artistes : Christo & Jeanne Claude
Ce voyage met à l’honneur deux grands noms de l’architecture : Carlo Scarpa (1906-1978) et Andréa Palladio (1508-1580). Nés en Vénétie où ils ont exercé, autodidactes, indépendants, marqués par l’histoire de leur région, des similitudes les rapprochent. Paradoxalement le plus moderne des deux est Palladio qui a défini des règles qui ont considérablement infléchi le cours de l’histoire de l’architecture. Plus traditionnel et intuitif, Scarpa se présente comme l’un des grands maîtres dans l’art de faire dialoguer les strates du temps. Ce séjour nous ouvre les portes d’une Vénétie secrète, loin du tumulte touristique, entre Venise et Vicence, musées, villas, palais et interventions urbaines.
© Angel de los Rios / archi : Palladio
Déguster. Voilà le maître mot ! Nourritures, vins et espace. Conjonction de choses, de faits, de lieux et de personnes, les plaisirs de la table semblent indissociables du cadre où nous les apprécions. Les restaurateurs ne s’y trompent pas lorsqu’ils convoquent des architectes pour façonner leur lieu de travail. Des premiers « bouillons »‘ en passant par les brasseries jusqu’aux grandes tables qui font la réputation française, nous mettrons en lumière quelques uns des plus beaux sites où se mêlent arts, architecture et gastronomie en France et à l’étranger.
© A. Siza
Vient de paraître aux Presses Universitaires du Québec l’ouvrage collectif « S’approprier la ville. Le devenir-ensemble, du patrimoine urbain aux paysages culturels » : http://www.puq.ca/catalogue/livres/approprier-ville-2299.html
Caroline Mazel y a contribué avec un article intitulé : « L’identité spatiale bordelaise. L’historicité comme fil conducteur »
A paraître en France en 2016…
Figure tutélaire de l’architecture du XXème siècle, l’architecte vénitien Carlo Scarpa fait partie de la petite famille de ceux que l’on nomme les « grands maîtres ». Influencé par Frank Lloyd Wright, il inspire toujours architectes et designers pour son attachement au dessin (« dessiner, c’est comprendre »), au geste artisanal et aux traditions locales. Alors que beaucoup de villes sont confrontées à la rénovation urbaine, sa capacité à composer avec l’histoire, à faire dialoguer de manière sensible ses créations avec les strates du passé est exemplaire. Dans les années 50, en inventant une relation inédite avec le déjà-là, notamment sur des sites patrimonialement sensibles, il a su se distancier de l’esthétique fonctionnaliste et de la technologie machiniste du Mouvement moderne. Sans pour autant renier cette modernité mais en l’ouvrant à de nouvelles perspectives, il a montré que l’architecture peut être « le plus grand des poèmes ».
© J.P. Dalbéra / archi : C. Scarpa
Architecte italien du XVIème siècle, Andréa Palladio a donné son nom à une tendance, le palladianisme. Maçon de formation, Palladio maîtrise l’art de bâtir et défend une pensée rationnelle. Opposé au baroque, il fait l’apologie de la blancheur, de la pureté, des proportions et de l’harmonie et admire les grands modèles de l’antiquité gréco-romaine. Fin connaisseur des théories de Vitruve, il appartient à cette même famille d’architectes humanistes qui font de l’homme la mesure de toute chose. Auteur de différents édifices, il est notamment reconnu pour ses villas, lieux de villégiatures et d’exploitation agricole où il fait dialoguer architecture et paysage de façon incomparable. Les principes qui régissent ces demeures palladiennes -composition claire, contrastes simples, symétrie, centralité- seront repris avec gourmandise tout au long du XIXème siècle eu Europe, notamment dans les châteaux viticoles bordelais.
© A. Mia Battaglia / archi : Palladio